Fin 1819, d'Urville fait un voyage,
à bord de la Chevrette, pour cartographier la Mer
Noire et la Méditerranée Orientale. Durant des relevés
de la mer Mirtéènne entre la Crète et Athènes,
le navire est mouillé devant l'île de Milos.
Au cours d'une conversation avec le représentant du consulat de
France dans l'île, d'Urville apprend qu'une statue a été
récemment découverte sur l'île. Il visite le site et,
subjugué par la beauté du chef-d'oeuvre il écrit immédiatement
au gouvernement, plaidant pour l'achat de la statue.
Les autorités gouvernementales répondent
rapidement et lui demandent d'acheter la statue "à n'importe quel
prix'. Elle est maintenant au Musée du Louvre à Paris: la
Vénus de Milo. Le roi Charles X récompense
Dumont d'Urville par la croix de Saint-Louis et il est promu Lieutenant
de Vaisseau.
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A son retour Dumont d'Urville fut accusé d'arrogance et de suffisance, de traiter durement son équipage et d'exagérer l'importance de ses découvertes. Que ce soit vrai ou faux, le fait est qu'il fut affecté à terre et privé de commandement durant les 7 années qui suivirent.
Finalement,
début 1837, Dumont d'Urville soumet à la Marine un projet
pour un autre voyage d'exploration dans les îles du Pacifique, cette
fois en passant par le détroit de Magellan. Le roi Louis-Philippe
était intéressé d'accroître la présence
française dans les mers du sud; il était au fait des immenses
réussites de l'Angleterre avec James Weddell en 1823 et des
visées américaines en Antarctique, çe qui fait que
la proposition fut acceptée. D''Urville ne demandait q'un navire,
le Roi lui en donna deux: l'Astrolabe, avec 17 officiers
et 85 hommes et la Zélée avec un équipage
de 81. On lui donna mission de passer par le détroit de Magellan,
vers les îles Pitcairn, les Fidjis et les Salomons. De là
il devait croiser le long de la côte nord de Nouvelle Guinée,
ensuite en Australie Occidentale, Tasmanie et Nouvelle Zélande.
Mais, avant tout il devait se rendre aux Shetlands du Sud et ensuite aller
aussi loin au Sud que les glaces le permettraient!
Des
hommes furent sélectionnés pour ce voyage et une prime de
100 francs or fut promise si ils atteignaient le 75ème parallèle,
ce qui était au delà du point le plus au Sud atteint par
Weddell. Une prime suplémentaire de 20 francs était
prévue pour chaque degré plus au Sud. Le 7 Septembre 1837
les deux bâtiments appareillaient de Toulon. A la fin du mois ils
mouillaient à Ténérife dans les îles Canaries.
A partir du 7 Octobre d'Urville
devait supprimer les permissions à terre du fait du trouble causé
par l'intempérance de ses hommes. Gênés par les brumes
de l'Atlantique, les navires étaient encore au Nord du Détroit
de Magellan le 10 Décembre. Noël passa dans le détroit,
pendant que les hommes pêchaient, chassaient les oies sauvages et
préparaient les bâtiments à affronter les difficultés
des mers australes. Le 8 Janvier 1838 les navires débouchaient du
Détroit et cinglaient vers le Sud le long de la Terre de Feu. Quatre
jours plus tard nous les trouvons dans une mer démontée,
faisant cap Est-Sud-Est dans le brouillard givrant et la pluie. C'était
peu avant que la première glace soit signalée et à
partir du 31 Janvier d'Urville fut ammené à suivre la route
de Weddell.
Malheureusement, le temps rencontré par Wedell en 1823 était
extraordinairement doux en comparaison avec le temps qu'eurent les navires
de d'Urville en 1838. Pendant la nuit du 21 au 22 Janvier, d'Urville fut
soudain réveillé par un équipage effrayé. En
se précipitant sur le pont il trouvait devant lui un muraille basse
de glace barrant l'horizon. Le 23 Janvier 1838, l'Hydrographe Clément
Adrien Vincendon-Dumoulin fit le premier calcul de l'inclinaison magnétique.
Il n'y avait pas d'alternative, ils se dirigèrent vers le Nord,
et à partir du 24 Janvier il était évident qu'ils
avaient été forcé si loin dans le Nord qu'il serait
impossible de faire ce que Weddell avait réussi. Les navires
mirent le cap sur les Orkneys du Sud pour un repos de quelques jours. Déprimé
par son échec, souffrant de la goutte et de migraine, d'Urville
était sceptique sur l'affirmation de Weddell d'avoir pénétré
si loin au Sud. Pendant ce séjour aux Orkneys du Sud il écrit
amèrement: "Rien au monde ne peu être plus triste et plus
détestable que l'aspect de ces régions désolées".
Le 2 Fevrier 1838 les navires faisaient à nouveau route au Sud,
à la recherche de l'Antarctique. En moins de 48 heures ils tombèrent
sur un autre champ de glace. Audacieusement d'Urville le longeait vers
l'Ouest et entrait dans un échancrure de la glace, avec Jacquinot,
sur la Zélée, suivant dans son sillage. Bien
que courageuse cette tentative était une folie, durant la nuit on
entendait la glace craquer et grincer, et au matin on trouvait le chenal
refermé derrière les deux navires.
On travaille avec acharnement pour libérer
l'Astrolabe
"Nous devions alors utiliser tous le moyens à
notre disposition. Les hommes montaient et descendaient sur la glace pour
amarrer des aussières aux glaces.. ceux qui étaient restés
à bord se déhalaient dessus pour avancer péniblement,
pendant que d'autres essayaient d'écarter les glaces avec des pics,
des espars et des gaffes... A voir nos deux navires on aurait dit des écrevisses
échouées par la marée sur une plage pleine de cailloux...
et se débatant pour rejoindre la mer".
Cela prit cinq jours pour libérer
les deux navires du lac gelé. Durant les opérations de nombreux
marins souffrirent d'engelures, y compris les trois chirurgiens.
Ensuite ils atterrirent sur l'île de Wedell où
ils chassèrent pour avoir de la viande fraiche, tuant et mangeant
des manchots qu'ils comparèrent avantageusement à du poulet.
Continuant vers l'Ouest les navires atteignirent les îles Shetland
du Sud le 27 Février. Une ligne de terre fut observée s'étendant
au Sud, Dumont D'Urville annexa ce territoire au nom du Roi et de la France,
l'appelant Terre Louis-Philippe; la côte s'étendant vers l'Est
étant nommée Terre de Joinville.
Les navires restèrent dans cette région jusqu'à début Mars. Ils relevèrent et cartographièrent la région Nord de ce qui est aujourd'hui appelé Terre de Graham. Le chirurgien de l'Astrolabe informa d'Urville que des marins montraient des symptômes de scorbut. Tenant ceci secret pour ne pas alarmer les autres membres de l'équipage, d'Urville se soumit au destin et commença un long et lent voyage vers le Chili. Le 27 Mars il y avait 21 cas confirmés de scorbut à bord de l'Astrolabe, et la Zélée ressemblait à un hôpital flottant. Le 1er Avril un membre de l'équipage, Lepreux, mourait. L'hydrographe, Vincendon-Dumoulin, et le second de l'Astrolabe, Delmas, furent atteints l'un et l'autre. Les deux navires atteignirent le port de Talcahuano, au Chili, le 6 Avril. Bien que l'épidémie ait été contenue sur l'Astrolabe, il y avait 38 cas de scorbut sur la Zélée. Dumont d'Urville avait trop demandé à ses hommes et neuf désertèrent à Talcahuano. D'autres, trop malades pour continuer furent laissés, pendant que d'Urville continuait vers Valparaiso. Ce fut là que d'Urville apprit que ses efforts et ses exploits étaient jugés comme un échec par ses détracteurs. Il faudra ensuite qu'il montre les relevés, les cartes et les échantillons géologiques qu'il a obtenus pour que ceux-ci reviennent sur leur jugement.
Entre Mai 1838 et Octobre 1839 d'Urville conduit l'Astrolabe et la Zélée dans une exploration aventureuse à travers l'immensité de l'Océan Pacifique. Le scorbut enduré dans les eaux australes est maintenant remplacé par les fièvres et la dysentrie qui coûtent la vie à 14 hommes et officiers durant ce voyage. Six autres meurent à Hobart en Tasmanie, qui est le point de départ de la troisième tentative pour atteindre le continent Antarctique.
Le 2 Janvier 1840 les navires appareillent. En une semaine
les chirurgiens rapportent 16 hommes malades du mal de mer à cause
du roulis constant. Le 18 Janvier ils traversent le 64ème parallèle.
A 6 heures le lendemain-matin les vigies comptent une demi-douzaine de
grands icebergs à proximité. A 6 heures du soir ils étaient
entourés d'au moins 59.
L'Hydrographe
Clément Adrien Vincendon-Dumoulin, montait dans le gréement
de l'Astrolabe et signalait "l'apparence d'une terre".
L'espoir d'une terre à proximité stimule les esprits de chacun
à bord. A 9 heures du soir le soleil était encore au dessus
de l'horizon et à 22 heures 50 d'Urville écrit que le soleil
disparaissait "et révelait le contour élevé
d'une terre dans toute sa précision. Chacun se rassemble sur le
pont pour profiter du magnifique spectacle".
Le 20 Janvier d'Urville écrit "... la terre s'élevait
devant nous; on pouvait distinguer ses détails... Malheureusement
un calme constant nous empèchait de l'approcher pour la reconnaitre
avec certitude. Cependant la joie règnait à bord; dorénavant
le succès de notre entreprise était assuré". Malgrè
la faible brise, à la mi-journée suivante ils étaient
à moins de quatre milles de la terre. Ne voyant aucun endroit sûr
pour débarquer, ils mirent cap à l'Ouest, suivant la côte,
jusqu'à 6 heures où une embarcation fut mise à l'eau
pour permettre à Dumoulin de prendre des relevés depuis un
des icebergs.
Une autre embarcation fut mise à l'eau de la
Zélée et vers 21 heures les deux bateaux atteignaient
un îlot juste à quelques centaines de mètres de la
côte. Les officiers et les hommes se précipitèrent
à terre, bousculant les manchots, et plantèrent un drapeau
en annexant la terre au nom de la France. Les hommes entreprirent alors
d'explorer l'île, à la recherche de trace de vie. Il
ne trouvèrent malheureusement rien d'autre que quelques fragments
de granit, ce qui était assez pour prouver qu'ils avaient débarqué
sur de la terre ferme et non sur un iceberg. Relatant le débarquement
et le départ, l'officier Joseph-Fidéle-Eugéne Dobouzet
écrit : "... Nous saluames notre découverte par un hourah
général...! Les échos de ces régions silencieuses,
dérangés pour la première fois par des voix humaines
répétèrent nos cris et retombèrent ensuite
dans leur silence habituel. Les embarcations retournèrent à
leur navire et Dumont d'Urville baptisa rapidement la terre Terre Adélie,
du nom de son épouse. L'étendue d'eau le long de ces côtes
est maintenant connue comme Mer Dumont d'Urville.
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Dumont d'Urville passa encore huit mois à explorer les mers du Sud. Il retourna à Hobart, visita la Nouvelle Zélande, alla vers le Nord en Nouvelle Guinée et à Timor, au Nord encore vers l'île de Sainte-Hélène et le 6 Novembre 1840 les deux navires entraient dans le port de Toulon. Ils avaient été absents trois ans et deux mois.
A son arrivée, d'Urville fut promu au rang de Contre Amiral. La Société Géographique lui accorda sa plus haute distinction, la Médaille d'Or. Jacquinot et Dumoulin furent aussi promus. Le gouvernement Français était si satisfait des résultats qu'ils partagèrent 15,000 francs or entre les 130 survivants de l'expédition.
Dumont d'Urville devait mourir en 1842, avec sa femme
et son fils de 14 ans dans un des premiers accidents de Chemin de Fer en
se rendant à la fête du roi à Versailles.
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Confirmation de contact Radioamateur avec la
base Dumont d'Urville